SI DE TON CORPS JE DECOUVRAIS
Si de ton corps je découvrais
la fontaine des cressons sauvages et enfouis,
désirs par qui les désirs
inaugurent leur agonie,
je pourrais te suivre,
ô toi si pâle,
sur le miroir lisse
des eaux somptueuses
où tu t'avances en toute innocence.
Dans ton sillage
j'aurais pu couler comme un bloc
sans repentir
épuisé par la blessure inouïe de ta beauté.
Mais resté sur la berge,
seul et nu,
je communierai avec les empreintes de tes pas
en leur contant longuement
les jonquilles de ta présence.
Ainsi, quand bien même tu ne reviendrais pas,
tous les aromes aquatiques
murmureront ton nom jusqu'à l'éternité
dans le silence émerveillé des berceaux attentifs.