MAIS IL Y A TOI
Mais il y a toi
ou l'ombre de toi
car je ne sais plus rien hors la nuit massive
dans laquelle ni ton corps
ni les fontaines de fougères de ta chevelure
meublent le silence lisse
des eaux noires.
Sous la lampe cerclée des cuisses serrées de sa lumière
j'ai jeté mes derniers oripeaux sur la neige
en criant de peur
car je sais que je suis barré en moi
dont je ne puis sortir.
Et, toujours, ce long mufle
murmurant à la souffrance des gouffres :
Mais qui es-tu donc ?
où vas-tu ?
Or ce qui tremble à la cime des lèvres
est encore et toujours cette haleine boueuse du vieux démon des froids,
assemblée ponctuelle des horizons brisés.
Il ne reste alors, ô temps, que ton geste lent
comme d'oiseau qui se défait de la terre,
tanière du regard attaché à la double élancée du silence et du corps.