VOICI REVENU LE TEMPS DES FUREURS
Forclos des landes acides de leurs montagnes de paroles,
les imprécateurs brandissent leurs ténèbres à plein bras,
et toutes les fois s'engluent de pas en leur mer de fiel noir
et toutes les monstruosités dodelinent leurs yeux de cobra
à la face des peuples médusés et consentants.

De leurs gestes larges ces réîtres ouvrent
des fosses d'où sourdent les laves putrides
qui s'échappent en torrents jusqu'aux nouvelles tables
où les chaudrons sont des brasiers de caries avec couronne d'or
fuyant les atroces cris des mandibules avares et mutilées.

Car pour curer l'anthrax à sa cruauté, il faut d'abord le faire naître
et appliquer à ce féal son droit de vie et de mort.

Alors le porteur de Dieu attise une fois de plus les feux de corail
même si la question s'agrippe, encore, là,
mais lui ne souffre point l'attente,
lui, lui, qui a encore toute l'éternité à violer.
Jean-François Pique,
2005