Jean-François Pique

JE SUIS NE D'UNE VALLEE PERDUE
Je suis né d'une vallée perdue
dans les entrelacs des chemins
d'un paysage aux replis émouvants et vulnérables
comme le très beau drapé
d'une femme élégante.

Les villages y sont des princes solitaires
rêvant au bord de l'eau
simplement vêtus de la ramure silencieuse
de leurs toits et leurs feuillages.

Entre les collines sculptées dans un même rêve
comment résister à l'invitation
de ces rivières dans leurs longs gants de sable ?

Les hommes, minuscules points de silence,
ploient sous le trèfle des nuages
et la lenteur des astres,
et scarifient lentement leurs parcelles de survie
pour mieux s'abreuver au lait de la terre.

Du matin au soir le vent s'affole dans les côteaux
à courir le lièvre et les herbes vivantes.

Quand la lumière a déserté les crêtes
la nuit foule la terre encore humide de rosée
et respire les odeurs âcres
scellées dans la résine épaisse des lointains paysages
par qui l'infini inaugure sa naissance.

Ô paysages aimés, bouquets de jouvence,
pierres précieuses qui irradient mes rêves,
vous ravivez le fil ténu
qui lie le monde à mes racines les plus profondes.
Jean-François Pique,
2011