Jean-François Pique

DES PALMIERS INDOLENTS
Des palmiers indolents
me plantent des clous de brume dans le cœur.
La mer délave la plage
dans une plainte incessante
de coquilles brisées,
la langue picorée de mille vagues.

Pour atterrir au plus haut de la grève
sans être emportés par le ressac
les marins doivent chevaucher
la plus haute vague,
la plus meurtrière,
celle qui pousse son filet éblouissant
jusqu'à la jonction du mouvement et de l'immobile.

Dans l'air saturé d'iode
le ballet des sternes
arbitre le passage de la vie à la mort
entre les hôtes des bancs resserrés
des nageurs de surface.
Ici comme ailleurs,
Immuables en apparence seulement,
les frontières se disputent la faveur des dieux.
Jean-François Pique,
2010