Aphrodite
Aux serpes enlacées,
déesse des abysses,
tes yeux sont précipices
et tu as nom - Beauté.
A la flûte enchanteresse de tes pas
les trois Parques ont suspendu leur doigt
et t'ont fait don d'éternité.
La mer vint embrasser tes pieds
et les vagues te saluèrent en leurs nombreuses révérences.
Un jour, pour mon malheur,
je t'ai rencontrée
Dans ton regard il y avait comme l'offrande d'une brûlure
qui, à ton parfum mêle ancolies et renoncements
Tu es ce beau navire, qui toutes voiles déchirées
chahute ses passagers dans des mers infâmes
et les laisse encalminés sur un de ses caprices.
Ah beauté blanche et noire,
mère de la soumission,
tu traînes dans tes jupes des cohortes de trahisons.
Fille de l'injustice,
tout te sera toujours acquis,
sans même un regard.
Ô cœur combien vorace,
on ne peut ne pas t'aimer
et pour cela-même, je te hais.
Je te hais
à casser des rocs
à engluer des montagnes
à noyer des océans dans les orages de ta vie
à fendre les têtes hideuses de tes soupirants
à précipiter mère et père dans la géhenne,
à bourrer de piments le cul de la vierge
- à me damner - pour un de tes regards
Ô irremplaçable déesse
il y a dans mon cœur un champ de ruines
où tu t'es installée, souveraine,
Pour l'éternité