Marseille en tous ses étals
Le port est une saignée de la ville vers la mer.
Les navires encalminés dans la passe,
huile saumâtre et ondulante
déventés par les hauts murs
du fort St Jean
et de la tour du fanal,
mouillent les canots,
leurs chenilles à rame,
pressés de mêler leur gréement
à la forêt qui défend le port.
Sur les quais encombrés de cris et d'espars,
la patience répare les filets...
La tartane que l'on décharge au fond de la darse,
franc-bord au ras de l'eau,
dégueule toute la splendeur de ses soieries d'orient
sur la mince planche qui la relie au ponton.
Du matin jusqu'au soir, les cris des coolies
disputent leur vacarme à celui des mouettes
qui harcèlent les bateaux de pêche entrant dans le port.
Une odeur de calfat, de goudron, d'ananas et de coco, de vin de poivre,
de soleil, de sueur et de mer assassine la paix du port.
Jean-François Pique, ph: Baldus