L'homme avait dit :
« Ce soir est un autre soir,
Et je ne veux dormir »

                    Le soleil, fatigué, se précipitait
                    Vers l'apaisement doré de l'horizon.
                    Le chat le regardait :
                    Deux yeux verts ne semblant pas le voir.

                                    A l'instant précis où le disque étincelant
                                    Tend les lèvres vers son refuge,
                                    Un coup de patte le renvoie en l'air.

                           L'or est cette fois moins pur,
                           Une strie carminée
                           Le parcourt de part en part.

                  Les deux fentes d'acier
                  N'ont pourtant pas bougé.
                  Soudain, l'astre transpire un brouillard de peur
Pourrait-il      être mangé avant que d'atteindre l'oubli ?
                       Les yeux impassibles du chat disent : non
                       Mais la queue sifflote: oui, oui,
                       Tour à tour hameçon, serpent,
                       Ou simple métronome d'une mort annoncée.

            Mais le chat, lentement, a fermé les yeux
            Il s'étire, range ses sortilèges,
            Et se love dans la nuit
            Qui, d'un coup, avale le monde.

                           Jean-François Pique