Gisèle Prassinos

La nuit
Une poche de nuit est en nous qu'à la faveur d'un assoupissement de la
conscience l'écriture vient à percer. Délivré le premier mot, c'est
un déferlement

...

La nuit est bonne de venir jusqu'au jour.

J'ai dit aux autres de marcher
de courir sans cesse
et de me laisser regarder l'ombre.

Le soleil avait brûlé ma tête
écorché tout de ma figure.

Maintenant le long des routes à crapauds
dans les ruisseaux qui vivent
j'aimerais chercher la fraîcheur
du dos des bêtes sales.

Gisèle Prassinos

Les mots endormis,
 Poésie - Flammarion, 1939