Ces lieux d'absence où je vis hissent chaque soir leur abandon et s'inclinent vers de doubles espaces aux lisières de la mer chaque soir annonce le grand départ, pourtant je suis toujours là qui m'enlise et j'attends la nouvelle égale au feu des phares. A chaque tournant je tourne au bout du monde et dérive à perdre haleine. Au loin palpitent les variations déchirantes de hautes lueurs. Le levant me mènera vers un autre couchant qui me hissera à nouveau vers le même abandon et m'inclinera encore vers cet immobile départ autour du monde que je guette d'heure en heure. En vue de partance je veille au calfeutrage de nos navires en pente, des lunaisons se succèdent au travers de nos voiles, tandis qu'ils sont tous là à se tailler des départs de haute mer mais le quai les étrangle. Il ne reste plus qu'à attendre toutes portes drues ouvertes pour accueillir l'instant qui nous viendra de loin.
Nadine Lefébure
Sources de la mer, ed. Caractères