Alizée Gerstenmaïer

 
CHAQUE JOUR...
Chaque jour je rends grâce à cet amour
  qui m'envahit, qui d'un même élan
  m'exile et me sauve !
Rien ne lui échappe ! aucun lieu, aucun être
  aucun sentiment !
Je garde la rage au corps, je vais sans doute
  l'âme à l'envers.

  Quand je ne pense pas à toi, je pense à toi
quand je parle d'autre chose, je parle de toi
  quand je marche au hasard, j'avance vers toi.

  Je quitte les livres où tu n'entres pas
  Je jette les poèmes qui ne trouvent pas tes lèvres
J'efface les tableaux qui n'attirent pas tes yeux
  J'éteins ma voix qui n'éveille pas ton coeur

Je n'ai ni ton savoir, ni ton solfège.
Je ne danse pas à l'aplomb des montagnes
Mais je peux t'offrir tout ce qui ne s'apprend pas :
  ma tendresse et mon amour.
 
JE N'OUBLIE PAS
Il y a une chose que je n'oublie pas
Une chose que j'ai quittée trop tôt, l'enfance.
Et c'est elle que je cherche toujours.
Je ne peux détacher mon regard de ses paysages
Là où il y a eu miracle d'amour, il y a eu création.
C'est pourquoi la poésie s'est mise à bouger
dans le sens des aiguilles de ma vie.
Où sont les clés de mon enfance ?
Le dernier carré de ciel bleu ?
Aujourd'hui plus que jamais
au fond de ma mémoire
Mes pensées voyageuses
retiennent mon visage.
Je reviendrais !
Vous forêts de mon enfance
Petite maison dans les fougères
Odeur des terres humides
Vergers de framboises et myrtilles,
Cèpes dans les bois
Jardin de senteurs
Où nichait notre bonheur
Aujourd'hui plus que jamais
Je porte à mon cœur
La chaleur de mes quinze ans.
 
JE T'AIME
Je t'aime pour ta sagesse qui n'est
pas la mienne
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
   Quand je suis sûre de moi
 
MA VIE
   Ne m'accusez pas d'érotisme
Ni d'agoniser de tendresse
    dans les bras de mes amants
Ni d'aimer toute chose au monde
    sans recourir à plusieurs amours
Ni de croire que je me cache
    dans mes vagues de féminité
Si je suis restée volontiers à l'écart
    des rumeurs pourpres à mon égard
Si je n'ai d'autre lumière
    que celle immense de mon coeur
Ne croyez pas surtout, ne croyez pas
    que je sois isolée dans ma vie
        je suis une femme heureuse et comblée
        qui ne peut vivre sans caresse

        Je n'ai pas vécu à l'arrière
    Mais dans les moments avancés
        de toutes mes joies et mes peines
 
LE TEMPS
« Ainsi le temps tire peu à peu de la nuit chaque découverte, que
la raison, ensuite, guide jusqu'aux rives de la lumière »
 
POUR MES ENFANTS
« Aimer la vérité signifie supporter 
le vide, et par suite accepter la mort.
La vérité est du côté de la mort. »

« Aimer purement, c'est consentir
à la distance, c'est adorer la distance
entre soi et ce qu'on aime.

    Posséder, c'est souiller. »


			Simone Weil, (La pesanteur et la grâce)




- Je suis loin de vous, je le supporte, je vous aime
purement, malgré mes souffrances.

- J'ai eu beaucoup de mal à m'y habituer, cette distance
me fait mourir lentement, ce silence parfois me 
rend folle., c'est ce que je supporte 
le moins, vos rires, vous entendre parler.,
bouger ; ce silence est plus dur à 
supporter que la distance qui nous sépare.
 
Alizée Gerstenmaïer, 2004

Aquarelle: Stéphanie Moliner