J'ai la beauté facile et c'est heureux ...poche la poesie des poetes On ne peut me connaître Mieux que tu me connais Tes yeux dans lesquels nous dormons Tous les deux Ont fait à mes lumières d'homme Un sort meilleur qu'aux nuits du monde Tes yeux dans lesquels je voyage Ont donné aux gestes des routes Un sens détaché de la terre Dans tes yeux ceux qui nous révèlent Notre solitude infinie Ne sont plus ce qu'ils croyaient être On ne peut te connaître Mieux que je te connais.
Paul Eluard (1895-1952), Les yeux fertiles, ed. Gallimard Dix siècles de poésie française par Nicolas Neumann, éditions de la seine, 1991