Tu vas sans menace
comme l'ombre d'un fruit
Tout est brisé sauf la mémoire
dans ce grand pays d'air et de silence
Voici le futur
une simple fumée
une goutte de pluie qui tord le coeur
un paysage qui joue à la rêverie
une tendresse qui n'est plus éphémère
...
Dans la terre attendue
tout un pays reflue
à l'odeur lourde
des haies enlacées
des ruisseaux immobiles
assoiffés d'eux-mêmes
des chemins interrompus
les oiseaux se sont tus
gavés de signes
de pierres bleues
de diamants de rencontre
et de cette indifférence
qui prélude aux grands moments.
...
Les filles sont devenues dentelles de glace
avec de grands yeux dans le coeur
des peurs secrètes et profondes
des grands hivers de sable dans le ventre
du givre dans le naufrage
Elles craignent le festival de la pluie
les courses de la tempête
les dépouilles étoilées des orages
Dans la vie voyagée elles dansent en blanc
malgré les moissons et les plénitudes
et le langage de la fatalité et de l'amertume
les brûle encore.