Jeannine Baude

Concerto pour une roche

 Lisse effroi
  du sang
  gelé
  
  pure évocation
  des sacrifices
  ancestraux


Dire
sa mesure
sa périphérie
dans le rayonnement
de son exil


Déployée
déroulée
l'univers en bannière
porte
le galet


  Tout un pays
  tout un visage
  et le vent
  enfoui
  
  dans cette conque vive
  perle
  au noir du feu


Corrosive
ta plainte
comme une lande brulée
désigne
sa robe


  Etendard
  où le ciel
  noie
  ses diurnes forêts
  
  
  Rage
  à n'en plus finir
  de sa révolution
  terrestre



Sel
d'aubes crûes
où s'agrippent tes mains

ta robe labourée

et cette élévation
dans le noroît

Bourdonnements d'oreilles
lances de tes esquifs

La proue de ton navire
se dresse
vers ce mince soleil
que l'horizon cache


  Obscurité
  solaire
  du roc


Lame migratrice
éclats roulés
du fer
vers les entrailles de mer


  Mouvement
  imperceptible
  des courants de pierre
  
  La plage avance
  sur les routes d'Ulysse

....
 
Jeannine Baude,
Concerto pour une roche,,
Rougerie, 1995,