De quelles ruines doit monter ma voix Sous quel effondrement mon cri résonne Je brûle de la chaux qui est sur moi Dans la cave où leurs sbires m'abandonnent Ils décrètent muet le vieil hiver Ils ont muré les portes de l'histoire Qu'ils s'évertuent, ma voix passe à travers Le temps viendra où on devra la croire
Anna Akhmatova, traduit par : André Markowicz,
Demande aux femmes de mon temps, Bagnardes, " cent-cinq ", prisonnières, Et nous te raconterons tout : Que la peur nous abrutissait, Que nous élevions des enfants, Pour la prison, la torture et la mort. Pinçant nos lèvres bleuies, Hécubes devenues folles, Cassandres de Tchoukhloma Portant des couronnes de honte, Nous serons un chœur de silence : " Au-delà de l'enfer, il y a nous. "
Anna Akhmatova, traduit par : Jean-Louis Backès, Requiem : Poème sans héros et autres poèmes, Gallimard